Press release
03/2023
Jeux et paris en ligne : « le boom du marché noir exige une solution urgente »
Pour l’association allemande de paris sportifs Deutsche Sportwettenverband (DSWV), l'essor du marché noir en Allemagne nécessite « une solution urgente ». L'organisme indique que les mises sur les paris sportifs ont diminué de 13 % en glissement annuel, passant de 9,2 milliards d'euros à 8,4 milliards d'euros, bien que l'année ait été marquée par la Coupe du monde de football. Quant aux recettes fiscales sur les paris sportifs perçues par le gouvernement, elles ont diminué de 7,9 %, passant de 470 millions d'euros en 2021 à 433 millions en 2022. La DSWV explique cette tendance par la croissance des offres illégales, qui résulte elle-même du cadre légal « goulet d’étranglement » imposé. Or, pour la plupart des joueurs, « vous recherchez l'offre la plus large, les meilleures cotes, des modes de paiement faciles et des bonus intéressants. Et les offres légales ont du mal à s'imposer en Allemagne », pointe la DSWV. Les jeux d'argent sont ainsi en train de devenir un « marché iceberg » défini par un secteur fantôme. Une partie du marché total se trouvent sous la ligne de flottaison et donc hors radars. Un constat qui devrait inspirer le gouvernement belge en plein bras de fer depuis des mois avec les opérateurs privés de jeux et paris.
Augmentation des jeux d'argent illégaux
En février dernier, la DSWV a réalisé une vaste étude de marché. Celle-ci révèle une augmentation de 65 % des offres actives de jeux d'argent illégaux. Sur les 1.500 sites sans licence que l'organisme a contrôlés, les consommateurs allemands ont pu accéder à 840 d'entre eux et 723 ont pu y ouvrir un compte. En comparaison, il n'y a que 46 fournisseurs agréés en Allemagne, dont 31 proposent des paris sportifs. Le DSWV fait valoir que ces entités légales ont très peu de marge de manœuvre - en raison d'une réglementation trop stricte en Allemagne - et qu'il leur est donc souvent difficile de rivaliser avec les sites qui se développent agressivement sur le marché noir.
Far west virtuel
Limitation des mises hebdomadaires par joueur, obligation d’enregistrement des joueurs dans les agences (le système de contrôle EPIS), interdiction de faire de la publicité pour les jeux de hasard et paris sportifs dès la fin de cette année, le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open VLD) déploie, avec l’argument de la canalisation des joueurs, son arsenal législatif. C’est oublier que les opérateurs illégaux, acteurs invisibles, n’ont pas de licence. Ils n’ont donc pas à respecter le droit belge (pas d’accès aux mineurs, pas de bonus, etc.) et ils ne paient ni taxes ni impôts.
Force est de constater que ces décisions sont contre-productives en termes de canalisation de l’addiction puisque l’offre illégale explose sur le web. Et pourtant, à chaque mesure restrictive de son activité, le secteur des opérateurs privés de jeux et paris brandit, sans être entendu par le ministre, la menace d’une fuite de joueurs vers les sites illégaux, avec tous les effets pervers qui en découlent …
« Le dogmatisme règne dans un domaine qui nécessite des faits, des chiffres et un dialogue ouvert avec les opérateurs. Le marché noir explose, nos politiciens détournent le regard. Je vous laisse deviner qui sera la victime de cette évolution... oui, c'est vrai : le joueur ! », rappelle Tom Stammeleer, Retail Operations Director chez Ladbrokes Belgium (Entain group).
Auteur: Alessandra d'Angelo — Rédactrice en Chef