Press release
12/2022
Les médias actifs en Belgique sont vent debout contre l'interdiction de la publicité pour les jeux de hasard
Les groupes de de presse tant en Flandre qu’en Belgique francophone estiment que l’arrêté royal préparé par le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne (VLD) va rater son objectif et ne profitera qu’aux opérateurs illégaux et aux géants étrangers. Ils rejoignent ainsi la critique émise depuis des mois par les agences de paris sportifs dont Ladbrokes. Pour cette dernière, le texte du ministre de la Justice qui veut interdire toute publicité va profiter à la Loterie nationale. Les dirigeants des médias belges demandent la mise en place d' d'une politique de canalisation ciblée en ce qui concerne la publicité pour les jeux de hasard en ligne. Ils invitent le Gouvernement fédéral à travailler en concertation pour une régulation juste, conformément à l'avis de la Commission des Jeux de hasard.
Après une première discussion en kern mercredi 7 décembre à l'issue de laquelle le texte a été renvoyé en inter-cabinets pour revoir certains points, l'arrêté royal préparé par le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne (VLD) sera la table de nouveau sur la table du conseil des ministres restreint ce vendredi 9 décembre. Et un accord pourrait se dégager. D'où la montée des groupes de presse actifs en Belgique qui redoutent des effets négatifs des dispositions du texte sur leurs activités. Il faut dire que le texte du ministre libéral vise à interdire quasiment toute publicité pour les jeux de hasard en ligne et sous licences dans les médias actifs en Belgique. « En raison de la dimension mondiale d'Internet et de l'offre illégale massive, il ne suffit pas de mettre passivement à disposition des joueurs une offre légale pour obtenir une canalisation suffisante. Les consommateurs doivent en effet être informés de l'existence d'une offre à la fois fiable, protégée et légale », rappellent les dirigeants des différents groupes de presse.
Politique de prévention mise à mal
Parmi les signataires d'un communiqué de presse sorti jeudi 8 décembre, on retrouve DPG Media (VTM, Qmusic, Joe, Het Laatste Nieuws), Ads & Data (Play), RTL (RTL-TVI, Club RTL, Plug RTL, RTLplay), Rossel (Le Soir, Sudinfo), IPM (La Libre, L'Avenir, La DH/Les Sports +), RMB (RTBF) et NGroup (Nostalgie, NRJ)
Ces derniers précisent que l'interdiction de la publicité pour les jeux de hasard dans les médias « fait obstacle à toute possibilité de prévention et les joueurs ne peuvent plus être redirigés du circuit illégal vers le circuit légal ». Car, d'après eux, l'offre agréée qui existe aujourd'hui crée un cadre garantissant aux consommateurs de pouvoir jouer en toute sécurité et de manière responsable. « C'est l'essence même de la politique belge d'octroi de licences : les jeux de hasard ne peuvent être organisés que dans des conditions strictes et de nombreuses mesures sont prévues afin de protéger les joueurs », soulignent les dirigeants des groupes de presse.
Ils redoutent une discrimination qui va les pénaliser au profit des opérateurs actifs sur les réseaux sociaux et en ligne. Car le texte d'arrêté royal interdit la publicité pour les jeux de hasard sur les médias actifs en Belgique, mais celle-ci est autorisée sur les réseaux sociaux et les plateformes en ligne des géants internationaux de la tech. « Les médias actifs en Belgique sont ainsi désavantagés alors qu'ils sont déjà soumis à une forte pression, notamment en raison de la domination des médias sociaux et des plateformes en ligne. Les géants internationaux accueilleront favorablement les revenus publicitaires supplémentaires provenant de Belgique », commentent-ils.
Des revenus pour financer une information indépendante
Or, ils soulignent que les revenus tirés de la publicité pour les jeux de hasard dans leurs organes de presse leur permet d'informer les lecteurs et les auditeurs de « manière indépendante et pluraliste les citoyens et de concourir valablement pour l'acquisition de certaines compétitions sportives. A défaut, de plus en plus de compétitions se retrouveront derrière le paywall d'un géant de la tech et la capacité des médias à investir dans une information de qualité pourrait également s'en ressentir ».
Le texte d'arrêté royal va donc profiter au marché illégal et aux géants étrangers de la tech. Il a déjà été soumis pour avis à la Commission européenne et au Conseil d'État. D'après l'Europe, le législateur belge n'avait pas réussi à justifier la nécessité d'une interdiction de la publicité dans les médias actifs en Belgique. Une interdiction totale est donc radicale et aurait l'effet inverse de celui recherché.
Avec leur sortie, les groupes de presse ne font que rejoindre la critique émise depuis des mois par les agences de paris sportifs dont Ladbrokes. Dans un entretien qu'il nous avait accordé, le patron de Ladbrokes Belgique, Yannik Bellefroid, estime que le texte du ministre de la Justice qui veut interdire toute publicité va profiter à la Loterie nationale (cliquer ici pour découvrir l'interview). Les dirigeants de presse plaident donc pour la « mise en place d'une politique de canalisation ciblée en ce qui concerne la publicité pour les jeux de hasard en ligne ». Ils invitent le Gouvernement fédéral à travailler en concertation pour « une régulation juste, conformément à l'avis de la Commission des Jeux de hasard ».